Yang Ermin – la réapparition de la couleur
Yang Ermin a une approche sensible de la peinture et un rapport spirituel à la nature.Chef de file de la peinture au lavis intense et polychrome – mouvement néo-lettré chinois -, Yang Ermin est connu dans le monde comme l’un des acteurs majeurs du renouveau de la peinture au lavis, à laquelle il a introduit la couleur ; le lavis traditionnel chinois se caractérisant, depuis le Xe siècle, par l’utilisation unique de l’encre noire. Néanmoins, l’artiste conserve un lien tangible avec la tradition puisque dans ses lavis, il associe à l’encre les pigments de la peinture chinoise dont la texture est plus légère et le rendu plus transparent que la peinture à l’huile.

Yang Ermin
En tant qu’artiste lettré et érudit, Yang Ermin a naturellement été sensibilisé à la peinture occidentale : il a observé les œuvres de Monet, Cézanne, Matisse, etc., et son esthétique est proche de celle des Nabis. Grâce à la synthèse de ces influences, il crée un œuvre original, en particulier dans son approche des couleurs, des couleurs chatoyantes desquelles se détache une grande douceur contribuant à l’harmonie générale des compositions.

Trump 144x115cm

Banker 2019
La peinture de paysage constitue le genre le plus noble dans la peinture chinoise et montre toujours de vastes espaces ouverts. Yang Ermin lui accorde une place fondamentale dans son travail et ses lavis donnent un sentiment d’ampleur. Avec la même liberté que pour ses peintures de paysage, l’artiste réalise des natures mortes d’où se dégage un véritable sentiment de quiétude. Les chinois désignent le genre de la nature morte par le terme de « nature calme », terme sans conteste parfaitement approprié aux compositions de Yang Ermin. En effet, une certaine sérénité émane de son travail, un apaisement, qui confère à ses œuvres un caractère infiniment poétique – l’artiste compose d’ailleurs de nombreux poèmes.

Universe 2020 (public sculpture) 300x300cm(1)

Universe 2020 (public sculpture) 300x300cm(2)
La technique de Yang Ermin évolue sans cesse : d’abord appliqué en couches successives et unies, le lavis se fragmente et apparaît comme usé dans ce qui constitue la phase la plus récente de son œuvre peint. Dans ses paysages comme dans ses natures mortes l’étonnante précision du motif (série consacrée à Notre-Dame notamment, ou encore celles sur les tournesols) – obtenue parfois grâce à une projection photographique retravaillée ou par d’autres procédés mystérieux connus de l’artiste seul – est volontairement cassée, disloquée par l’intervention du lavis. Le sujet fragmenté devient flou à l’image d’un paysage observé par une fenêtre par temps pluvieux. L’artiste travaille par ailleurs sur de plus grands formats, ce qui confère encore davantage à sa peinture un caractère immersif.

Singular Beauty 68x123.5cm 2019

Canyon 145x367cm 2020
Yang Ermin a une approche sensible de la peinture et un rapport spirituel à la nature. Son œuvre est infiniment personnel. À travers ses travaux, c’est l’artiste qu’on devine, son œuvre est la synthèse de de son ressenti. Jules Dupré (1811-1889), grand peintre paysagiste du XIXe siècle – dont le musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam possède un des plus importants fonds d’œuvres en France – écrivait : « Quand je regarde un tableau, le sujet m’est égal, je demande : où est l’idée, où est la poétique, où est l’homme », nul doute que Yang Ermin partage cette vision de la peinture.

Notre Dame de Paris III 2020

Notre Dame de Paris I 2020
Caroline Oliveira Directrice du musée d’Art et
d’Histoire Louis-Senlecq, L’Isle-Adam